Par Hamid Reza Taherzadeh.
5000 ans, ou selon d'autres historiens, 7000 ans de la civilisation iranienne ont laissé un héritage de trésors musicaux, recréés et relancés au cours du siècle dernier par les plus célèbres maîtres. Les traditions de la musique iranienne n'ont pas cessé d'être enrichies au cours des siècles, mais elles ont été dépendantes de l'évolution politique du pays.
De récentes découvertes archéologiques ont mis au jour une pierre montrant ce que l'on pense être le plus ancien orchestre dans le monde, il y a de cela au moins 5000 ans. Un artiste a gravé sur un support d’argile l'image d'un orchestre jouant de ses instruments. La création d'orchestre marque une étape importante dans l'évolution de la musique.
Jusqu'au VI siècle, l'art musical connut un développement rapide dans la région. On retrouve la musique persane dans les traditions musicales iranienne, arabe et turque. Les palais des rois étaient ouverts aux musiciens de toutes origines : des Indiens jouaient en Grèce et des musiciens perses se produisaient au Caire, à Samarkand, ou à la Cour de l'empereur Moghol Akbar. La musique des Arabes, qui avait un caractère primitif à l'époque de leur domination géopolitique sur l'Iran, a été fortement influencée et reconstruite sous l’influence des musiciens iraniens, en particulier par la famille Mouseli.
Les conquêtes arabes allaient propager cette musique jusqu’en Espagne et peut être jusqu’aux Amériques par l’intermédiaire des conquistadors.
Entre le VIe et le XVe siècle, certains des plus importants écrits sur les théories de la musique ont été produits par des personnalités éminentes telles que Farabi, Avicenne (ou Ebn - courrier Sina), Safioddin Urmawi, Abdolghader Maraghei, etc. ...
Avant le XIII siècle la musique servait surtout au divertissement des princes et des rois ou à des cérémonies rituelles dans le Palais Royal. On donnait la préférence à de petits groupes de musiciens avec des compositions basées sur des rythmes complexes. Une grande partie des répertoires de musique perse (Radif), joués à ces occasions remonte à la dynastie des Sassanides au XIII siècle. Par la suite, les interprètes commencèrent à se servir de partitions pour interpréter la musique. Mais, l'apprentissage, était subtil, est encore essentiellement enseigné oralement à leurs disciples par les grands maîtres de la musique (Ostad).
L'empire Ottoman du XVIII siècle voit l’essor de la musique classique qui se joue dans les milieux fermés, souvent avec stricte obédience soufie. En cette période de confusion et de changement politique, la montée du puritanisme provoqué un déclin culturel général. Il faut attendre le milieu du XIX siècle pour voir une renaissance de la musique classique avec Mirza Sattar, un grand artiste, puis Ali Akbar Farahani un virtuose du târ (instrument typique iranien) dont la musique est toujours une source d'inspiration pour les musiciens. Cette période a été pleine d’instrumentistes, compositeurs et chanteurs de la plus haute qualité. Certains musiciens ont joué un rôle essentiel dans la préservation et la transmission de ce patrimoine musical, dans l'évolution des instruments, du style d’interprétation et dans le développement de nouvelles techniques musicales..
Quand les mollahs ont pris le pouvoir en Iran, ils ont considéré la musique comme un péché, et les musiciens ont été persécutés. Orchestres et académies de musique ont été fermés, et beaucoup d’œuvres de compositeurs occidentaux de musique classique, tels que Mozart et Beethoven, déclarée illégales!
Ballottée par des événements historiques et politiques, parvenue au plus haut niveau et ensuite perdue dans l'oubli, la musique traditionnelle iranienne connaît un renouveau certain grâce à des artistes en exil.