Brise du jardin
Quand la brise du paradis
Donne son frémir au jardin,
A moi les plaisirs et le vin,
Et l’amour dans toutes ses grâces !
Le pauvre est roi du point du jour :
Pourquoi ne le dirait-il pas ?
La frange des champs est sa cour,
Son baldaquin, nuée qui passe.
Dans la prairie naît le printemps.
Les prés fredonnent leur chanson.
Cueille la rose de l’instant,
Ne perds pas la proie pour sa trace.
Le vin te réchauffe le cœur ;
En paix, bois-le.
N’entends-tu pas ce monde en ruine,
A son moulin, broyer les vieux os qu’on entasse ?
Ton ennemi n’est pas loyal.
Il restera sans flamme,
Eteins le flambeau des nuits
Allumé par des mains privées de la grâce.
Ne me dis pas : « Ta page est noire ! »
Je suis l’ivresse, et le destin :
Qui sait ce qu’il écrit pour nous ?
Qui sait aussi ce qu’il efface ?
Aux funérailles de Hâfiz, n’hésite pas !
Viens ! Sois présent !
Il va tout droit au paradis,
C’est ton vieil amoureux qui passe…