Tout a commencé par l’annonce d’une forte augmentation du prix de l’essence qui provoqua un vaste mouvement de contestation. Les Iraniens descendirent en masse dans la rue pour exprimer leur mécontentement. Très vite la contestation se transforma en une véritable insurrection, la foule reprochant au régime des mollahs de galvauder les ressources pétrolières de l’Iran en finançant le développement du terrorisme au Moyen-Orient au lieu d’en faire profiter la population en améliorant ses conditions de vie. Le soulèvement gagna rapidement l’ensemble du pays avec quelques actions spectaculaires. On mit le feu à plusieurs officines ; on brûla quelques portraits, mais, sans armes, les insurgés partaient avec un handicap insurmontable. Pas question pour le pouvoir de céder aux exigences de la rue. Le Guide suprême donna l’ordre à ses sbires de tirer dans le tas à balles réelles, de faire un maximum de victimes et d’arrêter le plus de monde possible.
Le plus grand massacre eut lieu à à Mahshahr, dans la région du Khuzestan (sud-ouest), le 19 novembre. Des vidéos filmées lors des affrontements et publiées depuis sur Internet révèlent la présence dans la région d’un lourd dispositif déployé par les pasdaran : pick-up équipés de mitrailleuses et des chars patrouillant dans la ville tandis que des tirs nourris se font entendre. le New York Times a fait état d’un bilan de 40 à 100 morts. Venus pour protester pacifiquement contre la hausse du prix de l’essence,les manifestants ont été tirés comme des lapins. Ils étaient pourtant pleins d’espoir comme ce jeune homme parti manifester, le 16 novembre, avec sa mère et sa sœur. Le matin, commentant ,au volant de sa voiture, les embouteillages créés volontairement par les automobilistes sur une autoroute de Téhéran il s’écrie : « Bravo à tous ! Allons vers la liberté ! », « Voici un joli crépuscule avec l’espoir d’un meilleur lever de soleil pour le peuple iranien », ajoute-t-il plus tard dans la journée en filmant le soleil couchant.
La communauté internationale, toujours aussi frileuse condamna du bout des lèvres « l’usage immodéré de la force». Les ONG avancèrent des chiffres contradictoires sur le nombre des victimes, demandèrent, sans l’obtenir, l’autorisation de venir s’enquérir du sort réservé aux prisonniers et petit à petit tout rentra dans l’ordre. Une fois de plus la force imbécile avait triomphé du droit.