S’il n’avait pas été aussi connu, Navid Askari serait peut-être encore en vie, mais ce champion de lutte de 27 ans était admiré, pour ses performances par l’ensemble de ses compatriotes. Cette réussite profane n’était pas du goût de la clique de Khamenei qui mit tout en œuvre pour l’éliminer afin de montrer au peuple que célébrité n’était pas synonyme d’immunité. Selon l’Autorité judiciaire, Navid Afkari avait été condamné à mort pour « homicide volontaire » sur un fonctionnaire de la régie publique de l’eau à Chiraz (Sud), poignardé le 2 août 2018. Les juges en avaient ensuite remis une couche en appelant leur dieu à la rescousse et en décrétant que Navid était son ennemi, d’où une seconde condamnation à mort.
Dans un message envoyé de prison, Navid a détaillé les horribles tortures qu’il a subies. « Pendant environ 50 jours, j’ai dû endurer les tortures physiques et psychologiques les plus horribles. Ils me battaient avec des bâtons et des matraques, me frappant les bras, les jambes, l’abdomen et le dos. Ils mettaient un sac en plastique sur ma tête et me torturaient jusqu’à ce que je suffoque au bord de la mort. Ils m’ont également versé de l’alcool dans le nez », lit-on dans la lettre.
Cinq experts des droits de l’homme des Nations Unies, dont Javaid Rehman, rapporteur spécial des Nations Unies sur la situation des droits de l’homme en Iran, ont condamné l’exécution de Navid Afkari, déclarant : « Il est profondément troublant que les autorités semblent avoir utilisé la peine de mort contre un athlète comme un avertissement à sa population dans un climat de troubles sociaux croissants. » Concernant le procès inéquitable de Navid et les fausses accusations contre lui, les experts ont déclaré : « Si Afkari était coupable de meurtre, pourquoi le procès a-t-il été conduit à huis clos et en recourant à des aveux forcés extorqués sous la torture ? L’exécution de Navid Afkari était sommaire et arbitraire, imposée à la suite d’un processus qui ne respectait même pas les normes de fond ou de procédure équitables les plus élémentaires, derrière l’écran de fumée d’une accusation de meurtre. Nous sommes consternés par ces graves allégations de torture qui n’ont pas fait l’objet d’une enquête, la diffusion de ses aveux forcés par la télévision d’État et le recours à des procès à huis clos et secrets. »