Douze siècles d’histoire
Située dans la province du Khorasan, à 900 km à l’est de Téhéran, Mashhad est la deuxième ville la plus peuplée d’Iran, avec une population d’environ deux millions et demie d’habitants. Elle possède un aéroport et abrite une université. Au début du IXème siècle, Mashhad n’était encore qu’un petit village du nom de Sanabad situé à 24 km de la ville de Tus. Il abritait un palais d’été du gouverneur du Khorasan, Hamid Ibn Qhatabi, sous lequel fut enterré le calife abbasside Haroun ar-Rachid. Quand le huitième Imam des chiites duodécimains Alî ar-Rida, connu en Perse sous le nom de Reza, mourut vraisemblablement empoisonné par le calife abbasside Al-Ma’mûn, il fut enseveli près d’Haroun ar-Rachid et Sanabad devint Mashhad : « lieu de martyre », ville sainte qui attire chaque année quelques vingt millions de pèlerins.
Au fil des siècles, la ville connut des fortunes diverses. Le mausolée de la tombe de l’Imam fut détruit en 993 puis reconstruit. Au XIIème siècle, Mashhad fut relativement épargnée par les raids mongols et sa population s’accrut par un afflux de réfugiés. Elle devint l’un des grands centres politiques de la dynastie des Timourides, en particulier sous le règne de Shah Rukh, le quatrième fils de Tamerlan,et connut son apogée lorsque les Safavides arrivés au pouvoir en 1501 firent du chiisme la religion d’Etat et encouragèrent le pèlerinage à Mashhad. Outre son importance religieuse, la ville a joué un rôle politique indéniable, devenant même capitale de la Perse sous le règne de Nâdir Shâh entre 1736 et 1747. De la fin du XVIIème siècle au début du XXème, Mashhad fut la cible de raids turcs, ouzbeks ou afghans. En 1912 l’armée russe bombarda le tombeau de l’ImamReza.
Au cœur de la ville, le sanctuaire de l’Imam Reza
C’est un défilé somptueux de mosquées, de minarets et de cours de marbre, plus vaste que la cité du Vatican. Il s’est développé au fil des siècles. Ses gestionnaires associent intimement religion et économie car il fait partie d’un groupe de bonyads, des fondations caritatives disposant d’énormes exploitations acquises par des générations de dons ou confisquées après la révolution. Il possède des mines, des usines de textile, une usine de bus, une usine pharmaceutique, une société d’ingénierie, une boulangerie, une raffinerie de sucre, des fermes de bétail, des élevages de chameaux, des vergers et des dizaines d’autres propriétés. Le sanctuaire possède à lui seul les trois-quarts des terres à Mashhad. Aujourd’hui, ce n’est pas seulement le site religieux le plus sacré d’Iran, mais c’est aussi, selon certaines estimations, l’institutioncommerciale la plus grande et la plus riche de la République Islamique.