Maître Thierry Lévy qui vient de s’éteindre à l’âge de 72 ans, victime d’un cancer, fut avec ses confrères Maîtres Marie-Laure Barré, Patrick Baudouin, William Bourdon, Bernard Dartevelle, Henri Leclerc, François Serres et feu Mario Stasi, l’un des avocats qui plaidèrent en faveur de la Résistance iranienne et permirent au droit de toujours l’emporter sur les intrigues et les mensonges.
Fils de Claude Lévy, journaliste fondateur de l’hebdomadaire Les Ecoutes qui fut privé de son journal durant l’Occupation parce que juif et de Rosie Nathan, convertie au catholicisme, Thierry naquit à Nice le 13 janvier 1945. Il perdit son père à l’âge de 14 ans alors qu’il était élève à Janson-de-Sailly. Poursuivant ses études, il devint diplômé de l’Institut d’études politiques de Paris, licencié en droit et diplômé d’études supérieures de philosophie.
Admis au barreau de Paris en novembre 1969, il fut commis d’office en juin 1972 pour défendre Claude Buffet coupable avec Roger Bontemps de l’assassinat de deux otages à la centrale de Claivaux. Il ne put le sauver de la guillotine et assista à son exécution, le 25 novembre suivant, dans la cour de la prison de la santé.
Président de l’Observatoire international des prisons de 2000 à 2004, Thierry Lévy écrivit de nombreux ouvrages sur l’art de l’éloquence et sur la profession d’avocat, notamment « Convaincre, Dialogue sur l’éloquence, en collaboration avec Jean-Denis Bredin. Il a aussi publié de courts essais à propos du « politiquement correct », fléau de la société française contemporaine. Habitué des plateaux de télévision dans les années 2000-2010, il prit part à des débats sur les faits de société s’opposant parfois rudement à des personnalités controversées comme Dieudonné.
Après sa disparition, le quotidien Le Monde a salué en lui un seigneur du barreau qui, par son intransigeance, son verbe parfait et son refus acharné de toute complaisance a marqué des générations de pénalistes.
La présidente élue de la Résistance iranienne, Maryam Radjavi a tenu à souligner « le rôle essentiel qu’il a joué pendant les moments les plus sombres et pour atteindre les victoires contre les complots du régime des mollahs. »
Les sympathisants de la Résistance qui ont assisté au procès intenté par des agents du régime contre Yves Bonnet, ancien directeur de la DST pour le contenu de son livre « Le VEVAK au service des ayatollahs » n’oublieront jamais la plaidoirie de Maître Thierry Lévy quand le défenseur se mua en accusateur pour ôter toute crédibilité au plaignant, Ehsan Naraghi en présentant des informations précises sur son passé, et en révélant qu’agent du ministère des renseignements iraniens il envoyait lui-même ses factures et ses honoraires au bureau d’Ahmadinejad. D’où cette conclusion cinglante : « Derrière le masque d’un intellectuel homme de culture subtile se cache un personnage qui suscite l’indignation…Il a clairement écrit dans son livre que la torture était justifiable et il l’a redit devant ce tribunal »