Monsieur le Président
Nous savons tout ce que nous devons aux Etats-Unis d’Amérique qui, en 1944 nous ont libérés du joug de la dictature nazie puis aidés financièrement à reconstruire notre économie. Nous admirons et aimons cette grande nation et les valeurs qu’elle incarne. Toutefois, depuis quelques années, certains aspects de sa politique étrangère nous laissent perplexes.
Nous ne comprenons pas que le Département d’Etat s’obstine à maintenir sur sa liste noire, contre l’avis d’anciens haut-responsables américains de toutes tendances politiques, l’Organisation des Moudjahidine du peuple d’Iran (OMPI), alors qu’il y a plus d’un an, un tribunal de Washington lui a demandé de reconsidérer la question.
Nous n’avons pas compris que la promesse écrite de protection faite à chacun des résidents de la cité d’Achraf au moment de leur désarmement, en 2003, n’ait pas été tenue. Le camp a été livré aux forces armées irakiennes le 1er janvier 2009. Celles-ci, depuis lors, lui imposent un blocus inhumain et multiplient les menaces et les agressions. Au moment des attaques meurtrières de juillet 2009 et d’avril 2011, les forces armées américaines présentes à proximité du camp, s’en sont éloignées pour laisser le champ libre aux assaillants qui utilisèrent des armes et des véhicules payés par le contribuable américain pour mitrailler et écraser des civils sans défense.
Nous ne comprendrions pas qu’informé des intentions belliqueuses du premier ministre irakien à l’encontre des résidents d’Achraf, vous n’interveniez pas pour le ramener à la raison. Vous avez contribué à le mettre en place et il a besoin de votre argent. Son ultimatum imposant aux résidents de quitter Achraf avant la fin de l’année est, selon tous les observateurs, impossible à respecter. Nous craignons que ce ne soit qu’un mauvais prétexte pour commettre un nouveau massacre. Vous seul pouvez l’en empêcher.
On nous dit que l’Irak est un pays souverain et que son premier ministre est maitre chez lui. L’Irak était un pays souverain à l’époque de Saddam Hussein. Cela n’a pas empêché les forces de la coalition d’intervenir militairement, avec des conséquences catastrophiques pour la population civile et de lourdes pertes parmi vos soldats, sous le fallacieux prétexte d’armes de destruction massives qui n’ont jamais existé.
Monsieur le Président, l’occasion vous est donnée aujourd’hui, en contribuant à résoudre pacifiquement la crise d’Achraf, de justifier le prix Nobel de la Paix qui vous a été décerné, par anticipation au lendemain de votre élection à la magistrature suprême. Nous espérons que vous saurez la saisir, confirmant les grands espoirs placés en vous au lendemain de cette élection pour davantage d’humanité et de justice.
Soyez assuré, Monsieur le Président de notre très haute considération.