Vêtues de noir, elles sont présentes, assises au premier rang dans la plupart des manifestations de la résistance iranienne, bravant le froid ou les morsures du soleil. Leurs compatriotes les appellent affectueusement les Mères. Il y a Mère Rezaii, Mère Ebrahim-Pour, Mère Masih. Il y avait Mère Kouchali, décédée en septembre 2010. Elles ont perdu leurs époux, leurs enfants, leurs proches torturés et assassinés par les tortionnaires du régime des mollahs. Leurs modestes logements que la rafle du 17 juin 2003 n’a pas épargnés, sont de véritables sanctuaires où elles perpétuent la mémoire de leurs chers disparus par des vitrines remplies de souvenirs des photos tapissant les murs.
Elles s’y retrouvent à l’heure du thé pour parler de tout et de rien, évoquer leur jeunesse, leurs espoirs, leurs courtes périodes de bonheur et tous les drames qu’elles ont endurés par la suite. Elles sont exemplaires de dignité et de courage. A leur contact, chacun se sent un peu gêné de l’importance qu’il apporte à ses petits tracas quotidiens qui sont bien peu de choses à côté de ce qu’elles ont subi.