Le Représentant spécial du Secrétaire général des Nations-Unies pour l’Irak, M.Martin Kobler, a fait l’éloge, le 19 juillet, devant le Conseil de Sécurité de l’ONU de « la flexibilité de Maliki vis-à-vis des résidents d’Achraf » oubliant délibérément de mentionner les deux attaques meurtrières des forces armées irakiennes qui firent 49 morts et des centaines de blessés et d’invalides en juillet 2009 et avril 2011.
De tels propos dans la bouche d’un Martin Kobler soudain frappé d’amnésie ont de quoi laisser perplexe quand on sait que le gouvernement irakien viole systématiquement les engagements stipulés dans le protocole d’accord qu’il a signé avec lui.
Sa déclaration comme quoi « les résidents n’ont pas de volonté réelle de participer au processus facilité par la Mission d’assistance des Nations-Unies pour l’Irak (MANUI) » contredit celle du 10 avril où, après le transfert de 1200 résidents d'Achraf à Liberty, il avait tenu à souligner « que les résidents du camp, malgré des difficultés initiales ont fait preuve récemment de bonne volonté et de coopération dans le processus de réinstallation. Les résidents ont en effet parcouru un long chemin. Il est difficile d'abandonner un lieu où l'on a vécu pendant plus de deux décennies ».
Il avait enfoncé le clou le 23 juin : « 2.000 résidents ont été réinstallés au camp Hurriya (Liberty) de manière pacifique et ordonnée, et il n’en reste que 1200. A cette occasion, je voudrais remercier le gouvernement irakien et les résidents pour leur coopération. » Il exhortais alors « le gouvernement irakien à répondre positivement aux demandes légitimes et raisonnables des résidents concernant les questions humanitaires, conformément au droit humanitaire international et au droit régissant les droits de l’homme. »
Ces belles paroles resteront sans effet. Rien ne sera fait par le régime irakien pour améliorer les conditions de vie au camp Liberty ; bien au contraire. Et après un passage à l’ambassade d’Iran Martin Kobler, jusqu’alors bienveillant envers les Achrafiens, se laisse séduire par le chant des sirènes iraniennes et change de cap. Un vent puissant soufflant de Téhéran a réorienté la girouette. Il faut vider Achraf, chasser l’OMPI d’Irak. L’heure est à la menace : « Il reste peu de temps pour trouver une solution durable. La patience du gouvernement touche à son terme ... ».
Il est très étonnant que malgré l’ampleur des protestations internationales face à son attitude partiale en faveur du gouvernement Maliki et du régime iranien contre son opposition, y compris les protestations des églises au Royaume-Uni et aux États-Unis, du Congrès américain, du Conseil de l'Europe, de plus de 4000 parlementaires de 46 pays et de l'Union Internationale des Avocats, M. Kobler ait demandé ostensiblement aux partisans d'Achraf de se tenir à ses côtés et aux côtés du gouvernement irakien pour exercer davantage de pression sur les résidents sans défense, afin qu’ils renoncent à leurs droits minimaux et à leurs requêtes légitimes et légales.